Par Abdellah Chahboun
Genève – Rarement une ville aura concilié tant de contradictions et autant d’adversaires, depuis au moins la Première Guerre mondiale. Cette réputation de haut lieu de paix est au cœur de “l’Esprit de Genève”, un système de valeurs selon lequel la raison humaine prend le pas sur les différences religieuses et politiques.
Il est 17 Heures, l’avion reliant Casablanca à Genève survolait le Lac Léman en prélude à un voyage de presse au Palais des Nations où venait de s’ouvrir la 57è session du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU.
La Cité, vue d’en haut, donne l’apparence d’une perle baignant sur le grand lac en bordure des Alpes. Comme si la géographie aussi singulière que multiple l’inspire dans sa trajectoire vers la paix et les bons offices diplomatiques, ni plus ni moins.
Dans cette ville située à l’extrémité sud-ouest du pays helvétique, la nature révèle toute sa splendeur et sa diversité dans un tableau vibrant de couleurs variées, d’arômes captivants et de goûts exquis.
Palais des Nations, symbole de paix et d’humanisme
Décidément, l’ambiance générale accueille à bras ouverts les intérêts politiques et économiques les plus divergents, de pair avec la tradition de neutralité qui fait la particularité de la Suisse.
Si Genève s’offre sans cesse un regain de popularité, c’est parce qu’elle possède la force pour se remettre en question, estime un conseiller au ministère suisse des Affaires étrangères, en marge des travaux du Conseil des droits de l’Homme.
Les Genevois ont su, confie-t-il à la MAP, mettre à profit leur image de marque ainsi que la diversité de leur patrimoine. Les filières horlogère et chocolatière, le Palais Wilson, le Palais des Nations, le Jet d’eau et les quais du Léman sont autant de symboles porteurs de l’identité même de Genève.
Néanmoins, la “capitale de la paix” n’aurait pas pris l’ampleur qu’on lui reconnaît dès 1918, sans la continuité territoriale tant flexible avec la France voisine, bien que la Suisse ne fasse pas partie de l’UE.
C’est cette complémentarité qui a ouvert la voie à la création du Grand Genève, agglomération transfrontalière et incarnation vivante d’un puissant potentiel de co-développement.
La diplomatie multilatérale à l’épreuve des changements géopolitiques
Le Palais des Nations reste en fait le monument le plus légendaire, en étant voué à la coopération des nations libérées des hiérarchies impérialistes. Siège d’abord de la Société des nations, puis centre européen de l’ONU, ce bâtiment édifié au bord du Léman aura résisté aux tiraillements politiques et aux fragilités du système onusien pendant des décennies.
Très fréquenté avec 8000 réunions chaque année, le Palais abrite le Conseil des droits de l’Homme, principal organe intergouvernemental en charge des questions des droits humains. Ses réunions ont lieu dans la célèbre “Salle des droits de l’Homme et de l’alliance des civilisations”, dont le plafond a été conçu et décoré par l’artiste espagnol Miquel Barcelo.
Or force est de constater que l’époque des grandes rencontres qui ont forgé la réputation de Genève paraît révolue, relève l’ancien diplomate suisse, Georges Martin, pour qui la diplomatie multilatérale et la tradition de neutralité semblent plus que jamais à l’épreuve.
De l’avis de ce diplomate, il y a de bonnes raisons pour dire que la cité helvétique subit de plein fouet le poids des changements géopolitiques, dont un recalibrage de l’ordre international de l’Ouest vers l’Est, et du Nord vers le Sud.
Une analyse que l’ancien directeur des Nations unies à Genève, Michael Moller, balaie d’un revers de main, en affirmant qu’il faudrait s’éloigner de l’approche traditionnelle de penser la paix pour l’aborder de façon plus globale dans une optique de développement durable.
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