Casablanca – L’Afrique doit s’armer et se préparer à faire face aux défis de la cybersécurité, a indiqué, mardi lors de la 2ème édition des CFC Talks, le directeur Directeur Général de Casablanca Finance City Authority (CFCA), Said Ibrahimi.
Intervenant à l’ouverture de cette nouvelle édition placée sous le thème de la “Cyber sécurité en Afrique : Quelle place dans l’échiquier mondial et quels enjeux pour les entreprises africaines ?”, M. Ibrahimi a expliqué que la transformation digitale initiée depuis quelques années en Afrique, catalysée par la crise sanitaire, constitue un véritable accélérateur de développement.
Néanmoins, poursuit M. Ibrahimi, cette transformation s’accompagne d’une augmentation significative des risques cyber dont les agressions ont coûté plus de 4 milliards de dollars à l’Afrique en 2021. Au-delà des seules dimensions technologiques, l’agenda cyber du continent passe par une meilleure sensibilisation, une formation ciblée des talents ainsi qu’une collaboration inclusive impliquant l’ensemble des parties prenantes, a-t-il ajouté.
M. Ibrahimi a également affirmé que l’Afrique admet un potentiel considérable en matière de digital business qu’il faudrait protéger via la cybersécurité relevant, à ce titre, la multiplication du nombre de licornes africaines, du boom du e-commerce et des services e-gov ou encore de l’enseignement à distance et de l’adoption croissante du télétravail.
En ce qui concerne l’état des lieux de la cybersécurité en Afrique, Imade El Baraka, associé chez Deloitte et managing partner de l’activité cyber pour la France et l’Afrique francophone, a souligné dans son intervention en Keynote, que le continent, au même titre que le reste du monde, est concerné par les enjeux et défis cyber à la fois sur les plan économique et numérique.
Après avoir noté une prise de conscience récente chez les entreprises africaines, M. El Baraka a estimé que cette manifestation de conscience devrait se traduire par des investissements concrets à la fois sur le volet des technologies et des plateformes, du facteur humain et des stratégies pilotées par le top management des entreprises.
Les piliers au développement d’une souveraineté africaine en cyber, tributaire de la souveraineté économique continentale, seraient ainsi l’élaboration de stratégies, la sensibilisation des entreprises aux sujets de la cybersécurité ainsi que la formation de talents pour l’émergence d’experts cyber africains au service de l’Afrique.
Pour leur part, les panélistes se sont accordés à relever la recrudescence des attaques cyber en Afrique, de plus en plus méthodiques et sophistiquées, lesquelles ont été amplifiées ces deux dernières années en raison du recours massif à la technologie digitale.
A l’instar de M. El Baraka, le panel d’experts composé du Directeur du développement de la cybersécurité à l’UM6P, Hassan Baloui, du Directeur des systèmes d’information à Banque Atlantique, Yaya Touré, et du Fondateur de DataProtect, Ali El Azzouzi, a signalé la pénurie de ressources humaines en cybersécurité au sein du continent.
Les experts ont, à ce titre, mis en lumière l’effet de la crise sanitaire sur l’accroissement des besoins en ressources jeunes auxquelles il faudrait dispenser des formations ciblées et en adéquation avec les besoins des économies africaines. Le véritable défi, selon eux, réside dans la réalisation d’une souveraineté numérique continentale via la consolidation de la coopération panafricaine en la matière.
Ce webinaire a également été l’occasion pour le Directeur général délégué du Campus cyber, Yann Bonnet, de présenter cette nouvelle structure inaugurée à Paris en 2022, et qui vise à fédérer l’écosystème cyber pour mieux faire face à la menace et promouvoir l’excellence aux niveaux français et international.
Notant l’amplification de la menace cyber qui fait partie du Top dix des risques du World Economic Forum dont le coût est évalué à près de 6.000 milliards de dollars, et le quadruplement des attaques en France, M. Bonnet a indiqué que « face aux mutations nous avons besoin de joindre nos efforts au niveau de l’écosystème pour mieux faire face à la menace ». Les trois axes de travail du Campus reposent sur la promotion des talents, l’innovation et la riposte, a-t-il ajouté.
Lancés en 2021, les CFC Talks visent à donner des perspectives africaines et un retour d’expérience terrain aux investisseurs locaux et internationaux qui souhaitent étendre leurs activités sur le continent. Place financière engagée pour l’avenir du continent, CFC, contribue, via sa communauté de 200 entreprises opérant dans 50 pays, à changer la perception des investisseurs sur l’Afrique.
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