Quel a été le rôle du Royaume, tout au long de son histoire, dans la promotion du dialogue entre les civilisations ?
Le Royaume du Maroc a un héritage historique ancestral dans la coopération, la coexistence et le dialogue, basé sur son référentiel et son identité islamique qui favorisent et défendent ce principe. Cet attachement n’a pas faibli en continuant à encourager le dialogue civilisationnel et en accueillant divers évènements internationaux visant à encourager ce dialogue et à le conceptualiser.
On constate aussi l’implication de diverses institutions scientifiques et sociales dans des initiatives de dialogue et d’information sur l’importance de la communication civilisationnelle, dont certaines ont été adoptées au niveau international, à l’instar du « Plan d’action de Rabat sur l’interdiction de l’appel à la haine nationale, raciale ou religieuse », réunissant 54 experts issus de différents horizons.
Il s’agit d’une des stratégies les plus importantes adoptées à l’échelle internationale pour lutter contre les propos haineux et qui est le résultat d’une évaluation et de discussion exhaustives sur l’application des lois, de la jurisprudence et des politiques publiques en matière de lutte contre la haine nationale, raciale ou religieuse qui constituent une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence tant aux niveaux national et régional qu’international.
De nombreux forums sont organisés pour promouvoir les initiatives de dialogue, étant donné la place spirituelle et religieuse du Maroc, en particulier parmi les États africains. Le Royaume joue un pôle pionnier dans la résolution des différends, la promotion de la paix et le rapprochement des points de vue dans divers conflits, confirmant son implication dans diverses initiatives internationales à caractère civilisationnel.
Quelle signification représente l’organisation de ce forum international sur les terres marocaines dans les circonstances et conflits que connaît le monde actuellement ?
L’organisation du neuvième Forum mondial de l’UNAOC est une manifestation de l’attention et du souci du Maroc pour l’alliance civilisationnelle, que je préfère exprimer comme « rencontre civilisationnelle » en raison de la signification profonde que le terme porte pour la coexistence, la tolérance, le dialogue et toutes les formes de communication entre les civilisations. L’organisation de ce forum renferme multiples significations :
Une signification temporelle évidente dans les circonstances actuelles et l’atmosphère tendue à la suite de la guerre qui fait rage entre la Russie et l’Ukraine et qui a assombri divers aspects de la vie. Le monde a besoin de sages qui tendent vers la paix et établissent des discours rationnels pour mettre en œuvre la logique et la sagesse.
Une signification spatiale, du fait que c’est la première fois qu’un pays africain accueille un forum de l’UNAOC. Le choix du Maroc repose sur un certain nombre de fondements, dont le plus important est son rôle dans le domaine de la communication civilisationnelle ainsi que ses réalisations en termes de stabilité sociale et de sécurité, de paix et de tolérance dont il jouit.
De plus, la ville de Fès a été spécifiquement choisie de par sa longue histoire scientifique et civilisationnelle, abritant l’Université d’Al Qaraouiyine, au rayonnement scientifique qu’on ne présente plus et ayant su doter le Maroc et le monde d’une pensée modérée et éclairée qui appelle à la coopération et à la communication et rejette l’exclusion, l’appel à la violence et la haine.
Quelle est l’importance des relations pacifiques et de dialogue pour parvenir à une communication civilisationnelle entre les nations et les peuples et promouvoir un développement commun ?
La coexistence est l’une des nécessités de la vie et de la stabilité et internationale, qui doit être considérée comme une doctrine chez les peuples et comme une priorité dans les différents paradigmes et programmes.
Si les investisseurs considèrent la stabilité et la paix dans n’importe quel pays comme la première priorité de planification, selon moi, les relations de paix dans la société sont le premier pilier du développement durable. Naturellement, il y a des différences de perspectives et de questions, pas seulement entre les nations et les peuples, mais aussi au sein d’un même peuple, mais elles doivent être gérées par un dialogue national, qui doit être la base d’un dialogue régional puis d’un dialogue international dans lequel le langage de la paix prévaut sur le langage des menaces et de l’intimidation.
Il n’y a pas de place, aujourd’hui, pour l’exclusion et l’asservissement, le dialogue et la paix sont devenus indispensables pour une communication constructive et qui réponde aux appels à la destruction et au vandalisme qui s’intensifient dans les guerres actuelles.
Je crois aussi que l’expérience du Maroc peut être une inspiration et un exemple dans le domaine du dialogue en raison des spécificités du pays et de son poids spirituel et culturel dans l’histoire.
Comment l’islam a-t-il initié le dialogue et réalisé une communication civilisationnelle entre les différentes nations et peuples ?
La perspective islamique sur la communication ou la rencontre civilisationnelle est basée sur une vision générale de la fonction humaine dans cet univers, qui est le développement et la prospérité de la terre et la coopération entre les individus pour leur bien-être et leur avenir. Dans le Saint Coran, de nombreux textes appellent au dialogue, à la coopération et même à la rencontre, qui est considérée comme une avancée importante dans le contexte de la communication civilisationnelle, « O Hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand Connaisseur » (Al Hujurat : 13).
Le Saint Coran a considéré la pluralité de la création et la différence des peuples comme une raison de faire connaissance, dont l’une de ses composantes est la coexistence, la tolérance, la communication et la coopération. La vie du Prophète Sidna Mohammed (PSL) nous donne aussi des exemples concrets du dialogue entre les civilisations.
La logique de la civilisation musulmane approuve la coopération et le dialogue avec toute civilisation qui a des valeurs de bonté et les différences, parmi elles, les différences de croyances ne devraient pas être un obstacle à la communication entre les civilisations et même à la coopération, « Et ne laissez pas la haine pour un peuple qui vous a obstrué la route vers la Mosquée sacrée vous inciter à transgresser. Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes œuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression » (Al Maidah : 2).
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