– Par TAIMOURI Zin El Abidine –
Les sociétés cotées à la Bourse de Casablanca ont bien résisté aux aléas de la crise sanitaire en matière d’investissement durant l’année écoulée. Selon les chiffres de BMCE Capital Global Research (BKGR), ce sont pas moins de 14,7 milliards de dirhams (MMDH) qui ont été dépensés en investissement (CAPEX) en 2021, soit une hausse de 26,2% en glissement annuel.
Cet effort d’investissement des sociétés cotées confirme, en dépit de la recrudescence de la crise sanitaire à certaines périodes de l’année 2021, la résilience de l’économie nationale et les signes de reprise soutenus par les champions nationaux qui continuent d’investir pour se remettre sur les rails de la croissance économique et de l’emploi.
Parmi les 74 sociétés cotées à la Bourse de Casablanca, c’est Maroc Telecom qui arrive en tête du classement de ces entreprises leader de l’économie marocaine avec une part de 38% de ces investissements. Une prouesse de +62,8% par rapport à 2020 qui s’explique, selon les analystes de BKGR, par un retour à un niveau davantage normatif de ses investissements après une année teintée par la crise sanitaire.
En seconde position se place le secteur minier avec 18% des investissements réalisés durant l’année 2021, dont 88% enregistrés par le Groupe Managem dans le cadre du développement de son projet cuprifère local à Tizert (Taroudant) et de ses projets aurifères internationaux au Soudan et en Guinée.
L’accélération de son rythme de développement avec l’ouverture de 27 nouveaux magasins en 2021, vaut au Groupe Label Vie, principal acteur marocain de la grande distribution, la palme du troisième investisseur en 2021, avec 9% du total des investissements réalisés par les valeurs indexées au MASI.
Le secteur de l’agroalimentaire et des boissons n’est pas en reste avec une quote-part de 10%, réalisée principalement par Mutandis, groupe industriel marocain spécialisé dans les biens de consommation des ménages, dont les investissements ont porté sur l’acquisition de la marque américaine Season, leader de la conserve de sardines haut de gamme.
Cette dynamique positive d’investissement trouve son sens dans l’amélioration des revenus globaux des sociétés cotées et l’allègement de leur dette nette. Deux principaux indicateurs, soutenus par le secteur industriel, les sociétés financières et les assurances, qui témoignent du redressement progressif de l’économie nationale.
En effet, l’année 2021 a été marquée par une progression de +9,5% du chiffre d’affaires des sociétés cotées à 252 MMDH, une évolution d’autant plus significative qu’elle représente un accroissement de +3,2% par rapport à la période de l’avant-crise sanitaire (2019). Cette croissance a été portée, principalement, par le dynamisme commercial des industries.
Les sociétés cotées à la Bourse de Casablanca ont également allégé le poids de leurs dettes au cours de l’année 2021 de 12,1% à 53 MMDH, profitant notamment de la baisse de l’endettement de Maroc Telecom de près de 18,3%.
Selon le spécialiste financier Zakaria Garti, les résultats des sociétés cotées confortent l’hypothèse d’un retour imminent à un niveau d’activité proche de celui qui prévalait avant la crise, précisant que cette dynamique résulte d’une “croissance de rattrapage” destinée à compenser les pertes accusées pendant l’année 2020, vécue dans l’ombre de la crise sanitaire.
Les secteurs ayant été le plus touchés par les répercussions de la pandémie sont ceux qui croissent le plus rapidement à l’instar des sociétés industrielles, portées principalement par les opérateurs miniers et gaziers, qui ont enregistré une croissance de +12,2%, contrairement aux banques, dont le produit net bancaire se situe en 2021 à +3,7%, ce qui démontre un taux de croissance normal, a-t-il expliqué.
Après avoir mis en perspective les tendances de la croissance économique avec les revenus des entreprises cotées, M. Garti a noté que le taux d’investissement des valeurs boursières démontre manifestement une reprise économique sauf que celui-ci reste trusté par les grandes entreprises au même titre que l’allègement de la dette, ce qui ne reflète pas forcément les performances individuelles.
Sur le plan des prévisions 2022, M. Garti a mis en lumière la hausse des prix des matières premières corrélée à la conjoncture internationale, relevant que les secteurs énergétiques poursuivront leur croissance, au même titre que les secteurs bancaire et des télécommunications dont l’activité n’est pas altérée par les effets de l’inflation. Le spécialiste nuance, toutefois, que ces projections ne tiennent pas compte du scénario d’une inflation durable.
Alors que la situation sanitaire tend à l’accalmie, plusieurs paramètres exogènes viennent perturber les prévisions de croissance de l’économie marocaine pour l’année 2022. Si le ciel s’est finalement montré clément permettant la résorption du déficit pluviométrique, le conflit russo-ukrainien et l’inflation mondiale restent les principaux facteurs d’inquiétude pour les opérateurs nationaux.
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