Propos recueillis par Yassine AHIZOUNE
L’expert en immobilier, auteur du guide “Répons’IMMO” et fondateur du site www.reponsimmo.com, Amine Mernissi, a accordé une interview à la MAP, dans laquelle il commente les récents chiffres de l’indice des prix des actifs immobiliers (IPAI) au titre du deuxième trimestre de 2023 (T2-2023) et se prononce sur les perspectives du secteur immobilier national.
1) Quelle lecture faites-vous des chiffres de l’IPAI (T2-2023) publiés récemment par BAM et ANCFCC ?
La tendance est clairement baissière en ce qui concerne les transactions, puisqu’on constate une baisse à deux chiffres sur les différentes typologies d’actifs que ce soit le résidentiel, le professionnel et les terrains.
Les prix, quant à eux, affichent tantôt de légères baisses, tantôt de légères hausses.
Sur le plan des villes, on peut dire que Rabat et Marrakech sont la surprise de ce deuxième trimestre avec des chiffres positifs, alors que Casablanca et Tanger se présentent en difficulté au niveau des transactions.
Nous pouvons en déduire que la demande est présente sur Rabat et Marrakech, comme les chiffres en témoignent. Pour Marrakech, il y a un effet de rattrapage suite aux baisses successives enregistrées sur plusieurs trimestres.
Rabat, la capitale du Royaume, quant à elle, ainsi que sa périphérie attirent de plus en plus d’agents économiques en matière d’investissement immobilier.
2) Quelles sont, selon vous, les perspectives d’évolution pour les prochains trimestres ?
Les chiffres du deuxième trimestre ne reflètent pas la contribution des MRE dans le secteur de l’immobilier. Afin de se prononcer sur les perspectives d’évolution, nous devons attendre la publication des chiffres du troisième trimestre (T3) de 2023 qui prendra en compte la part des MRE.
Nous pouvons d’ores et déjà estimer que les chiffres du T3 seront meilleurs sur le volet des transactions en raison de la contribution des MRE qui animent chaque année à la même période le marché de l’immobilier.
L’année 2023 a connu des effets d’annonces qui ne porteront leurs fruits qu’à partir de 2024, notamment le programme d’aide directe initié par le gouvernement au profit des primo-acquéreurs.
Nous pouvons estimer que d’ici la fin de l’année, le marché va rester dans une forme d’attentisme, vu que les aides directes ne seront débloquées qu’en 2024, ce qui va pousser les agents économiques à reporter leurs acquisitions de biens immobiliers.
3) Quel impact aura la hausse des taux de crédit bancaire immobilier constatée par BAM (Juin 2023) sur les chiffres de l’IPAI ?
La hausse du taux directeur a connu une pause après trois hausses successives. Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé de ne pas reconduire de nouvelle hausse, ce qui a donné un nouveau souffle aux emprunteurs.
Si l’emprunteur dispose d’une épargne et opte pour une longue durée de 15 ans à 25 ans, il peut s’en sortir avec une traite bancaire correcte, malgré la hausse des taux d’intérêt constatée par BAM en juin et qui n’est pas spectaculaire.
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