Rabat – La Chambre des conseillers a organisé, lundi à Rabat, en partenariat avec le Conseil économique, social et environnemental (CESE), une journée d’étude pour examiner les recommandations issues de l’avis du CESE intitulé “Vers une transformation digitale responsable et inclusive”.
La tenue de cette réunion, qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des termes de la convention de partenariat et de coopération conclue entre le CESE et la deuxième Chambre en décembre 2021, intervient dans le cadre de l’intérêt qu’accordent les deux institutions aux enjeux de la transformation digitale en tant que levier pour augmenter la productivité, améliorer la compétitivité de l’économie et réduire les disparités socio-spatiales, notamment dans une conjoncture marquée par la fracture numérique qui s’est creusée en raison des répercussions de la crise sanitaire de Covid-19.
Cette rencontre vise également à approfondir le débat sur ce sujet afin de mettre au point une vision claire et intégrée pour la réussite de la transformation digitale au Maroc, dans la perspective de la modernisation de l’administration et des secteurs sociaux et du développement d’une industrie compétitive.
Dans son allocution d’ouverture, le président de la Chambre des conseillers, Naama Mayara, a souligné que le Royaume fait encore face à au moins quatre défis dans le domaine de la transition digitale, dont le premier se rapporte à la numérisation de tous les services publics destinés aux citoyens et aux usagers en général.
Atteindre cet objectif nécessite l’adhésion de toutes les institutions et les instances publiques concernées par l’accélération de la numérisation des services administratifs et l’incitation des usagers à utiliser les plateformes numériques pour accéder à ces services, a-t-il estimé, soulignant l’importance de la formation du personnel, l’accompagnement des usagers et la la mise à niveau des infrastructures pour généraliser la couverture en connexion Internet à l’ensemble du territoire national.
Il a mis l’accent sur la nécessité de fournir un arsenal juridique adapté et actualisé, notamment en ce qui concerne la protection des données personnelles et des catégories vulnérables, ainsi que la protection des utilisateurs des plateformes de commerce électronique.
M. Mayara a également insisté sur l’impératif de jeter les fondements d’une économie numérique compétitive basée sur l’innovation et la créativité, avec tout ce que cela implique en termes de modernisation du système de formation et d’investissement dans la recherche scientifique et les ressources humaines qualifiées ainsi que dans le renforcement de la cybersécurité et de la souveraineté numérique.
Pour sa part, le président du CESE, M. Ahmed Réda Chami, a passé en revue les différents programmes et stratégies mis en place pour accélérer la transformation numérique, tels que “Maroc numérique 2013”, “Maroc numérique 2020” et le lancement de la marque “Morocco-Tech”, ainsi que la promulgation des lois y afférentes et la création d’un certain nombre d’institutions spécialisées dans ce domaine, telles que la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP), la Direction générale de la sécurité des systèmes d’information, relevant de l’Administration de la défense nationale, et l’Agence de développement du digital.
Il a souligné que les différents efforts déployés et les initiatives lancées restent insuffisants pour offrir les conditions nécessaires à la réussite du processus de transformation digitale et pour réduire la fracture numérique que la crise du Covid-19 a contribué à élargir.
M. Chami a précisé que le CESE aspire, à moyen terme, à porter la contribution du secteur des technologies de l’information et de la communication à plus de 10% du PIB, plaidant pour le lancement d’expériences marocaines pionnières pour les entreprises émergentes réalisant une valeur financière élevée dans les domaines de l’intelligence artificielle, de la technologie financière et de la technologie agricole.
De son côté, la ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, Ghita Mezzour, a indiqué que la numérisation, en tant qu’option, a été adoptée par de nombreux chantiers de réforme qui ont permis de réaliser un certain nombre d’acquis, tant en termes de développement des infrastructures numériques et de généralisation de l’accès et des usages numériques qu’en termes de dynamisation des secteurs économiques.
Et d’ajouter que des efforts sont déployés actuellement pour améliorer la cybersécurité et la souveraineté numérique afin d’assurer une transformation digitale responsable, notant que l’avis du CESE a donné une série de recommandations stratégiques et pratiques permettant de surmonter les différents obstacles empêchant l’accélération de la transformation digital au Maroc, et a également identifié les différents défis auxquels est confronté le chantier de la transition digitale.
Ces recommandations s’inscrivent dans le droit fil du programme gouvernemental en la matière, a poursuivi la ministre déléguée, relevant que son département travaille sur une stratégie dans laquelle convergent les différents plans sectoriels de transformation digitale du parcours des usagers, dans le cadre d’une méthodologie unifiée centrée sur l’usager et basée sur la gouvernance et les compétences numériques.
Mme Mezzour a noté que le ministère est le partenaire principal de plusieurs administrations publiques qu’il accompagne dans les différentes étapes de la digitalisation de leurs services, dont le ministère de la Justice et le ministère de la Santé, dans le but de mettre des services publics numériques de qualité à la disposition des usagers.
Dans son avis intitulé “Vers une transformation digitale responsable et inclusive”, le CESE avait recommandé d’adopter une vision claire pour assurer, dans un délai maximal de trois ans, un accès généralisé à l’Internet haut débit et très haut débit, à l’ensemble de la population, avec une qualité de service satisfaisante.
Il a également appelé à moderniser, dans un délai maximal de trois ans, les services administratifs par la digitalisation de l’ensemble des procédures administratives, à se doter d’un cadre réglementaire complet, adapté et en phase avec l’évolution de la digitalisation au niveau international et à renforcer la cybersécurité et la souveraineté numérique.
Le Conseil a aussi recommandé de mettre en place une politique nationale dédiée à l’intelligence artificielle (IA) en lui accordant la priorité dans le chantier de la transformation digitale au vu de son importance capitale aux plans stratégique et économique, de promouvoir les startups impliquées dans la création d’outils et d’applications numériques dédiés à la promotion du contenu culturel marocain et d’accélérer le déploiement du paiement mobile avec l’interopérabilité à l’échelle nationale pour rattraper le retard accusé en matière d’inclusion financière et diminuer l’usage du numéraire.
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